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ONZIÈME LETTRE.

rencontré des travaux exécutés sous les Ptolémées et les empereurs. Je suis convaincu que la domination grecque ou romaine ne c’est jamais étendue, au plus au-delà d’Ibrim. Aussi ai-je trouvé depuis Dakkèh jusqu’à Thèbes une série presque continue d’édifices construits à ces deux époques: les monuments harmoniques sont rares, et ceux du temps des Ptolémées et des Césars sont nombreux et presque tous non achevés. J’en ai conclu que la destruction des temples harmoniques primitivement existants entre Thèbes et Dakkèh, en Nubie, doit être attribuée aux Perses, qui ont dû suivre la vallée du Nil jusque vers Sébouâ, où ils ont pris, pour se rendre en Ethiopie (et pour en revenir), la route du désert, infiniment plus courte que celle du fleuve, impraticable d’ailleurs pour une armée, à cause des nombreuses cataractes; la route du désert est celle que suivent encore aujourd’hui la plupart des caravanes, les armées et les vovageurs isolés. Cette marche des Perses a sauvé le monument d'Amada, facile à détruire puisqu’il n’est point d’une grande étendue. De Dakkèh à Thèbes on ne voit donc plus que des secondes éditions des temples.

Il faut en excepter le monument de Ghirschê et celui de Betoualli que les Perses n’ont pu détruire, puisqu’il eût fallu abattre les montagnes