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ONZIÈME LETTRE

Dakkèh, commencé par l’Éthiopien Ergamènes a-t-il été continué par Evergète Ier par son fils Philopator, et son petit-fils Évergète II. C’est l’empereur Auguste qui a poussé, sans l’achever, la sculpture intérieure de ce temple.

Près du pylone de Dakkèh, j’ai reconnu un reste d’édifice, dont quelques grands blocs de pierre conservent encore une portion de dédicace: c’était un temple de Thoth, construit par le pharaon Mœris. Voilà encore un fait qui, comme beaucoup d’autres semblables, prouve que les Ptolémées, et l’Ethiopien Ergamènes lui-même, n’ont fait que reconstruire des temples là où il en existait dans les temps harmoniques, et aux mêmes divinités qu’on y a toujours adorées. Ce point était fort important à établir, afin de démontrer que les derniers monuments élevés par les Égyptiens ne contenaient aucune nouvelle forme de divinité. Le système religieux de ce peuple était tellement un, tellement lié dans toutes ses parties, et arrêté depuis un temps immémorial d’une manière si absolue et si précise, que la domination des Grecs et des Romains n’a produit aucune innovation: les Ptolémées et les Césars ont refait seulement, en Nubie comme en Égypte, ce que les Perses avaient détruit, et rebâti des temples là où il en existait autrefois, et dédiés aux mêmes dieux.

Dakkèh est le point le plus méridional où j’aie