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ONZIÈME LETTRE.

dans lesquelles ils sont creusés au ciseau. Mais ces spéos, et surtout le premier, ont été ravagés autant que le permettait la nature des lieux.

Nous arrivâmes à Ghirsché-hussan ou Ghirfhousseïn le 25 janvier. C’est encore ici, comme à Ibsamboul, à Derri et à Sébouâ, un véritable Rhamesseïon ou Rhamseïon, c’est-à-dire un monument dû à la munificence de Rhamsès-le-Grand. Celui-ci est consacré au dieu Phtha, personnage dont on retrouve une imitation décolorée dans Hephæstus des Grecs, et le Vulcain des Latins. Phtha était le dieu éponyme de Ghirsché qui, en langue égyptienne, portait le nom de Pthahei ou Thyptah demeure de Phtha. Ainsi cette bourgade nubienne portait jadis le même nom sacré que Memphis: il paraît que ces noms fastueux furent à la mode en Nubie, puisque les inscriptions hiéroglyphiques m’ont appris, par exemple, que Derri avait le même nom que la fameuse Héliopolis d’Égypte, demeure du Soleil; et que le misérable village nommé aujourd’hui Sébouâ, et dont le monument est si pauvre, se décorait du nom d'Amonëi celui même de la Thèbes aux cent portes.

La portion construite de l'hémi-spéos de Girsché est, à très-peu près, détruite, et la partie excavée dans le rocher, travail immense, a été dégradée avec une espèce de recherche. J’ai ce-