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56 TROISIÈME LETTRK.

part pour le Caire, et plusieurs conTois d’àues et de chameaux transportèrent en ville nos lits, malles et effets, pour meubler la maison que j’avais fait louer d’avance. A 5 heures du soir, suivi de ma caravane, et enfourchant nos ânes, bien plus beaux que ceux d’Alexandrie, je partis pour le Caire. Le janissaire du consulat ouvrait la marche, le drograan était avec moi, et toute la jeunesse paradait à ma suite : je m’aperçus que cela ne déplaisait nullement aux Arabes, qui criaient Fransaouï (Français) avec une certaine satisfaction.

Nous arrivions au Caire au bon moment ; ce jour-là et le lendemain étaient ceux de la fête que les musulmans célébraient pour la naissance du Prophète. La grande et importante place à'Ezbékiéh, dont l’inondation occupe le miUeu, était couverte de monde entourant les baladins, les danseuses, les chanteuses, et de très-belles tentes sous lesquelles on pratiquait des actes de dévotion. Ici, des musulmans assis lisaient en cadence des chapitres du coran ; là, 300 dévots, rangés en lignes parallèles, assis, mouvant incessamment le haut de leur corps en avant et en arrière comme des poupées à charnière, chantaient en choeur, La- Allah- EIV Allah (Il n’y u point d’autre Dieu que Dieu) ; plus loin, 500 énergumènes, debout, rangés circulairement